Nous sommes Maxime Le Bras, Responsable du Recrutement d’Alan, et Charles Gorintin, Cofondateur et CTO d’Alan, pour vous donner de la tech et du RH. Ceci est une newsletter portant sur l’utilisation de l’Intelligence Artificielle (IA) par les spécialistes des ressources humaines. C’est promis, elle n’est pas générée par ChatGPT.
"Nous façonnons nos bâtiments, puis nos bâtiments nous façonnent," déclarait Winston Churchill en 1943 pour reconstruire les villes bombardées.
Cette maxime prend une nouvelle dimension à l'ère de l'IA générative. Nos bureaux, conçus pour une époque où l'information était rare et centralisée, sont-ils encore adaptés à un monde où chacun peut converser avec une IA ?
Cette question nous ramène aux origines de la philosophie. Aristote enseignait en marchant dans le Lycée d'Athènes, comprenant que la pensée se nourrit de mouvement. Avec l'IA vocale, nous redécouvrons cette vérité : on peut désormais réfléchir en marchant, créer en se déplaçant. Mais attention à ne pas tomber dans le piège de l'isolement. L'IA doit libérer l'interaction humaine, non la remplacer.
L'IA comme catalyseur spatial
Historiquement, les bureaux servaient de centres de traitement de l'information. L'IA générative change cette logique. La valeur du bureau ne réside plus dans l'accès à l'information, mais dans la qualité de l'expérience humaine. L'IA vocale nous permet de réfléchir en mouvement, adaptant nos outils à notre nature d'êtres pensants.
Trois scénarios pour demain
L'atomisation : L'IA pourrait nous isoler, transformant les bureaux en collections de cabines individuelles. Ce scénario dystopique prolonge une tendance déjà observable : la fragmentation de l'attention et la diminution des interactions spontanées.
L'hybridation : L'IA devient un facilitateur d'interactions humaines, enrichissant les espaces de travail pour accueillir cette intelligence augmentée.
La renaissance : L'IA libère notre potentiel humain. Les espaces de travail deviennent des lieux d'épanouissement, favorisant l'empathie, la créativité et l'intuition.
Repenser l'architecture du travail
La vraie question n'est plus "combien de mètres carrés par personne ?" mais "quelle expérience voulons-nous créer ?". L'IA nous oblige à repenser fondamentalement la fonction de nos espaces de travail. Si l'information devient ubiquitaire grâce à l'IA, le bureau doit exceller dans ce qu'elle ne peut pas remplacer : créer du lien, stimuler la sérendipité, favoriser l'émergence d'idées nouvelles.
Steve Jobs parlait de "collision spaces" - des lieux conçus pour provoquer des rencontres inattendues. Cette idée prend une nouvelle dimension à l'ère de l'IA. Les futurs espaces de travail devront peut-être inclure des "zones de déconnexion" où l'IA est absente, préservant des moments de silence cognitif.
Conclusion : Vers une architecture humaine augmentée
L'IA ne détruira pas nos bureaux, elle les transformera. Elle nous oblige à nous poser les bonnes questions : à quoi sert vraiment un espace de travail ? La réponse réside dans ce qui nous rend humains : notre besoin de lien, notre désir de sens, notre capacité à créer ensemble. L'architecture du futur sera plus humaine, mettant la technologie au service de notre épanouissement.
Trois questions pour un expert

— Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Je suis Lucie Paladino, et j’ai rejoint Alan en 2019. Mon parcours est assez atypique : j'ai une formation littéraire, et 10 ans d'expérience dans la gestion culturelle avant de rejoindre Alan.
Chez Alan, j'ai évolué du service client (Care Expert) vers le recrutement (Talent), puis j'ai rejoint l'équipe Workplace (Environnement de Travail) en 2022. Aujourd'hui, je pilote notre stratégie immobilière, de gestion des espaces, d'expérience utilisateur et d'engagement via l'événementiel, ainsi que nos outils internes et infrastructure IT - des sujets que je ne connaissais pas du tout jusqu'à récemment - et que j'ai découverts en les vivant dans la Culture d'entreprise singulière d'Alan.
Ce qui est intéressant, c'est que grâce à la culture de transparence radicale et d’écrit d'Alan et aux outils d'IA auxquels nous avons accès (agents conversationnels notamment), mon équipe et moi avons pu devenir très rapidement autonomes sur des sujets complexes comme la négociation avec les bailleurs, la maintenance technique, ou l'optimisation d'espaces. L'IA nous permet de gagner du temps et de prendre de meilleures décisions sans dépendre constamment d'experts externes.
Cette expérience m'a donné une perspective unique sur la transformation des espaces de travail à l'ère de l'IA - comment on peut repenser nos besoins quand l'expertise devient plus accessible et démocratisée.
— Comment l'IA va-t-elle transformer nos environnements de travail physiques et virtuels ? Quelles nouvelles formes de collaboration émergent ?
Je pense qu'on va vers des bureaux plus intelligents technologiquement - et plus centrés humainement.
Côté physique, l'IA nous rend autonomes :
Fini d'attendre le technicien pour diagnostiquer une panne, l'architecte pour optimiser un espace, ou le consultant pour prendre une décision. L'IA nous donne l'expertise en temps réel. Les espaces deviennent adaptatifs - température, éclairage, acoustique s'ajustent selon l'usage réel, réduisant consommation énergétique et coûts d'exploitation. Et avec la maintenance prédictive, les problèmes se résolvent avant même d'apparaître (c’est une prédiction - on en est loin dans les bureaux d’Alan, mais ça viendra !).
Côté virtuel, l'IA démultiplie notre intelligence collective :
Chez Alan, l'IA est déjà le 3ème participant de chaque réunion - préparation, notes, synthèse, suivi. Elle a décuplé le pouvoir de notre culture d'écrit : non seulement tout est documenté depuis 9 ans, mais maintenant retrouver une information, identifier les connexions entre sujets, ou trouver la bonne personne devient instantané grâce à nos agents IA.
Les nouvelles collaborations qui émergent :
Depuis qu'on travaille avec l'IA, je ne passe pas moins de temps avec mon équipe - j'en passe plus, et de meilleure qualité. L'IA gère le feedback sur la forme, moi je me concentre sur le fond. On fait beaucoup de démo, et on parle de nos “prompts” (instructions données à l’IA) - comment on a atterri sur le meilleur résultat en demandant à l’agent IA de nous remettre en question plutôt que d’écrire à notre place, par exemple.
L’IA synthétise entre équipes, traduit les contextes, permet à chacun d'être un excellent généraliste avec le bon niveau d'information.
J’ai souvent l’impression qu’on travaille aujourd’hui dans un système triangulaire - Humain-IA-Humain - où l’IA joue un rôle de facilitateur, de super-assistant, et nous “augmente”.
L'IA devient un outil de plus dans notre boîte à outils - mais un outil qui transforme fondamentalement notre façon de travailler ensemble.
— Comment pouvons-nous concevoir des espaces qui facilitent l'interaction humain-IA ?
Pour moi, l'espace de travail doit devenir une interface d'intelligence collective - où humains et IA collaborent naturellement.
Transparence physique = transparence digitale : Chez Alan, notre architecture ouverte et l’aménagement de notre espace de travail reflètent notre culture : l'information circule librement. Ce qui marque le plus nos visiteurs quand ils découvrent notre bureau parisien, c’est la salle du Conseil d’Administration (Board Room), entièrement vitrée (comme toutes les salles de réunion - si si ça existe chez Alan aussi !). Pourquoi ? Parce que toute l’information partagée aux membres du Conseil est accessible aux Alaners - avant, pendant, et après - tout simplement.
Demain, j'imagine des écrans partagés où on peut voir l'IA travailler en temps réel, des espaces où les processus d'intelligence artificielle deviennent visibles et compréhensibles pour tous. Des espaces de démonstration, de collaboration, ouverts et accessibles.
Zones d'expérimentation intégrées : Nos 150+ assistants IA personnalisés montrent qu'il faut des espaces où chacun peut expérimenter librement, sans attendre l’expert informatique. Des laboratoires intégrés au quotidien, des zones modulaires pour tester rapidement - l'expérimentation doit être à portée de main, pas dans un bunker technologique.
L'IA invisible mais omniprésente : Comme l'IA dans le service client, elle deviendra le "service client de proximité" dans nos bureaux - de moins en moins visible mais de plus en plus présente. Commandes vocales fluides, ajustements automatiques, technologie qui disparaît dans l'usage naturel.
🎯 L'objectif ? Des espaces où humains et IA collaborent naturellement. À quelle échéance ? On y va tout droit et on apprend beaucoup sur le chemin !
Dans le monde de l'IA ce mois-ci…
Ces derniers jours, nous avons trouvé intéressant :
Le post de Laszlo Bock (ex-DRH de Google) qui rappelle le rôle des RH dans la transition vers l’Intelligence Artificielle.
Une étude du MIT sur l’impact de l’usage de ChatGPT sur nos cerveaux.
Le rapport de Mary Meeker, sur l’impact “sans précédent” de l’IA sur nos sociétés.
👋 Rendez-vous dans un mois,
— Charles & Maxime
"Quelle expérience voulons-nous créer ?" - le monde du Coworking, s'inscrivant dans la mouvance des tiers-lieux donnait déjà à réfléchir sur ce sujet et celà sans AI mais avec une perspective architecturale. La notion d'environnement de travail ne doit pas se limiter à des ersatz numériques du type MySpace. Redonnons à ce lieu commun son vrai caractère de créateur de liens humains.
Encore de beaux questionnements sur l’IA et le lien cette fois avec nos environnements de travail. Merci 😉. Ce qui me fait réfléchir, à l’aube d’un déménagement professionnel qui va ajouter logistique et temps de trajets, à comment retrouver l’énergie perdue dans les transports en créant plus de connexions humaines au delà des usages de l’IA qui s’installent au quotidien et tendent à diminuer les vrais ateliers de travail en personne dans une salle où l’on peux se déplacer, être en mouvement pour brainstormer ?