Avancer à son rythme
Intelligence humaine - l'IA pour les Ressources Humaines #10
Nous sommes Maxime Le Bras, Responsable du Recrutement d’Alan, et Charles Gorintin, Cofondateur et CTO d’Alan, pour vous donner de la tech et du RH. Ceci est une newsletter portant sur l’utilisation de l’Intelligence Artificielle (IA) par les spécialistes des ressources humaines. C’est promis, elle n’est pas générée par ChatGPT.
J’ai tendance à voir le progrès et l’innovation comme un processus de diffusion. L’intelligence artificielle est conforme à ce processus.
Sur la pointe de l’innovation, l’IA va vite, très vite, et c’est très difficile de réussir à tout suivre. Jusqu’en 2021, le nombre d’articles de recherche sur l’IA doublait tous les 24 mois sur arXiv, le site de référence pour les prépublications de recherche (source)... et l’arrivée de ChatGPT fin 2022 n’a rien ralenti, bien au contraire. Même les meilleurs spécialistes ont du mal à tout suivre.
[Traduction] J'ai une centaine d'onglets ouverts, répartis en 4 groupes, avec des articles scientifiques, des publications et des repos GitHub que je devrais consulter. Mais avant même que je puisse m'y atteler, de nouvelles ressources plus pertinentes apparaissent. La situation devient un peu ingérable. (tweet)
Avec ce tweet, on sent le retour de Vincent de Beauvais et de la surcharge informationnelle (on en parle ici).
Alors pour ceux qui se sont dit que l’IA était une bulle à laisser passer, pour ceux qui étaient en vacances un peu trop longtemps, ceux qui avaient piscine, on peut se dire que ça pourrait être encore pire.
L’IA pourrait pourtant être un pharmakon au sens de Derrida, à la fois le poison et le remède.
Et c’est justement l’avantage d’être plus loin dans le processus de diffusion, on sent moins les vagues, c’est plus simple de s’approprier les outils car ils ont été perfectionnés.
Et une chance incroyable par rapport à cette vague technologique de l’IA, c’est que la prise en main est excessivement simple. Auparavant il fallait des équipes de 5 à 10 personnes pour utiliser l’IA (j’en ai fait partie !).
Maintenant, c’est aussi simple que d’écrire une ligne de texte ou de parler à son téléphone.
Alors comment surmonter ce sentiment de dépassement ?
Il faut commencer simple, avec des cas d’usage concrets.
Mon préféré : cuisiner à l’aide de l’IA.
Ça peut être extrêmement simple (oui j’ai besoin de ces rappels) :
Et on peut même échanger avec la recette en continuant la conversation (pour faire un peu mieux qu’un brocoli bouilli).
Les exemples foisonnent. Que ce soit pour rédiger une lettre à l’administration sans faute d’orthographe ou de grammaire (exemple vécu), expliquer simplement un concept complexe à un enfant…
Mon conseil pour faire face à ce sentiment de dépassement, est de passer au moins 3-4 heures, en plusieurs fois, avec cet outil.
Les comprendre, comprendre leurs effets, leurs erreurs (non, ce ne sont pas des moteurs de recherche), leurs difficultés (oui, ces IA sont très limitées en arithmétique), ça permet à la fois d’avoir un peu d’aide au quotidien, et de pouvoir mieux appréhender cette ère nouvelle.
En général, les détracteurs sont ceux que la vague n'a pas encore atteints, car ils s’en sont protégés. Passer du temps avec cette technologie permet à la fois d’effacer cette peur irrationnelle, à la fois de la surestimation et de la sous-estimation.
Et il en va de même dans les entreprises. L’évangélisation démystifie et annihile le sentiment de dépassement, et par suite, les levées de bouclier.
Trois questions pour un expert
— Pouvez-vous nous présenter Deep Focus, votre formation ?
— Hubert : ‘Deep Focus’ est une formation qui permet aux salariés de se sentir mieux et plus productifs en changeant leur usage des écrans.
L’origine de cette entreprise remonte à 2020.
Pendant le COVID, j’ai perdu le contrôle de ma vie digitale, au point de faire un burnout de plusieurs mois. C’est pour trouver des réponses que j’ai quitté mon travail pour comprendre l’impact des écrans sur notre cerveau. Mon exploration m’a conduit à accompagner des dizaines de personnes à adopter des habitudes digitales saines, puis à construire un programme de formation pour aider les salariés sur ces mêmes questions.
Concrètement, les salariés :
gagnent du temps ;
renforcent leur concentration ;
boostent leur productivité ;
améliorent leur bien-être.
Tout cela en changeant leurs usages des écrans, au travail et dans leur vie personnelle.
— Quels sont les signes précurseurs du sentiment d'être dépassé par la technologie, et comment peut-on les identifier à temps pour éviter l'épuisement professionnel ou personnel ?
— Hubert : C’est un sentiment largement ressenti dans la société française. Voici quelques statistiques pour mesurer la place qu’a pris la technologie dans nos vies :
Nous passons en moyenne 8 heures par jour sur les écrans ;
Nous déverrouillons notre smartphone 80 fois par jour, soit toutes les 6 minutes ;
Notre capacité de concentration devant un écran au travail a été divisée par 3 en 20 ans.
Face à ces chiffres, comment ne pas se sentir dépassé ? Il est normal que la moitié des salariés souffrent de surcharge informationnelle, ce qui génère du stress et affecte leur santé mentale.
Cependant, plusieurs signes précurseurs peuvent alerter d’un épuisement à venir :
Votre premier geste le matin est de saisir votre téléphone pour scroller. Idem le soir avant de dormir ;
Vous vérifiez souvent votre téléphone de manière mécanique, alors que vous savez qu’il n’y a rien à voir ;
Vous êtes incapable de rester concentré sur une tâche sans penser à autre chose ;
Vous ne pouvez pas vous empêcher d’ouvrir de nouveaux onglets pour relâcher la pression, alors que vous êtes en plein travail ;
Vos quelques minutes de temps sur les réseaux sociaux se transforment très souvent en grosses dizaines de minutes ;
Vous avez du mal à déconnecter après le travail, alors que vous aimeriez faire des activités plus ressourçantes (voir des amis, faire du sport, lire…).
Pour éviter d’en arriver là, il est utile de prendre quelques minutes pour se demander : “suis-je satisfait de ma relation avec les écrans ?”.
Dans un contexte où la technologie évolue plus vite que jamais, comment peut-on cultiver une relation saine avec ces outils sans se sentir constamment en retard ou inadapté ?
— Quel est le rôle des RH dans ce contexte ?
— Hubert : Cal Newport est un auteur à succès qui a forgé le concept du deep work, la capacité à travailler sans distraction. Dans son best-seller, ce visionnaire explique que la concentration sera une compétence essentielle pour réussir dans le monde du travail. Ce livre traduit en 30 langues a eu un retentissement planétaire en 2016.
Cal Newport vient de sortir un nouveau livre, et cette fois il va plus loin. Selon lui, à une ère où tout s’accélère, il faut ralentir et faire moins de choses pour réussir.
Nous sommes bombardés d’informations. Pour l’une des premières fois de l’humanité, notre corps a du mal à suivre le rythme effréné que nous permet la technologie. Submergés par tout ce que nous avons à faire, notre productivité passera par une réduction de notre quantité de travail et une amélioration de sa qualité.
C’est une révolution.
Ainsi, pour cultiver une relation saine avec la technologie sans se sentir toujours en retard, il faut paradoxalement ralentir.
Ralentir pour prendre le temps de questionner notre rapport à la technologie : Quels sont les outils que j’utilise au quotidien ? Pour quels bénéfices ? Une fois ce travail réalisé, il faut définir la meilleure manière de les utiliser au quotidien. L'objectif est d’apprendre à en tirer le meilleur.
Le rôle des RH est essentiel. Ce sont eux qui ont le temps et les compétences pour comprendre comment l’évolution des conditions de travail impacte les salariés.
Les RH, plus que quiconque dans l’entreprise, doivent éclairer les consciences sur ce sujet. Ils doivent aider chaque salarié à voir plus loin et développer une relation saine et durable avec la technologie. Concrètement, il existe des programmes de formation comme celui de Deep Focus pour aider les RH et les entreprises sur ces enjeux.
Dans le monde de l'IA ce mois-ci…
Ces derniers jours, nous avons trouvé intéressant :
Le projet Strawberry d’OpenAI et les avancées de Claude.
Les nouveautés d’accessibilité sur Google Maps.
Cette vidéo pédagogique sur le fonctionnement des modèles d’IA.
👋 Rendez-vous dans un mois,
— Charles & Maxime